Born in... Belgium
(ce post aurait dû être posté hier soir, mais suite à quelques problèmes techniques de la part de Blogger... )
Je ne pense pas être défaitiste en disant que la Belgique n'en a plus pour longtemps. Elle aussi, elle a sombré dans un coma de type 4. Mon coeur s'est serré quand j'ai lu le titre du Vif: "Et si les flamands nous larguaient?".
Hélas, ces mots, je les ai entendus il y a deux ans, et je pensais alors que c'était juste une autre vision pessimiste du plat pays, une simple conjecture pas très satisfaisante et que, de toute façon, tout le monde aime bien tout le monde. En fait, j'en avais peur. La Belgique peut éclater. België barst ("
La Belgique, qu'elle crève!"). Français, venez vite voir nos vertes contrées, vous pourrez peut-être un jour vous vanter d'avoir visité un pays qui n'existera plus.
Selon moi, même si la Flandre reste en quelque sorte un monde étranger, où l'on ne parle plus la même langue, où la mentalité est différente et où l'on aime rouler à vélo, cette même Flandre demeure malgré tout la Belgique. Un peu comme un roi (et l'exemple est mal choisi, "ma bon" comme disent les néerlandophones... ), un roi donc qui découvrirait encore toujours des parties de son royaume qui lui sont inconnues. La Belgique, pour moi, c'est tout aussi bien les pistolets aux crevettes de Knokke (le Zoute, on est Gonzague ou on l'est pas) que les vallées de sapinières d'Arlon.
Alleï, et on tire bien son plan comme ça quand même hein?!
Malheureusement, la réalité, c'est que la Flandre paie pour une Wallonie ruinée depuis de nombreuses années, Flandre qui conserve toute sa rancoeur à l'égard de sa région compatriote pour son outrageuse (il faut le dire) oppression linguistique. La Flandre en a donc par-dessus la crinière (lion flamand oblige) et il suffit de quelques politiciens qui jouent sur un tas de peurs ancestrales et primaires pour que bardaf, la Flandre vote Vlaams Blok, la Flandre devient séparatiste.
(J'abrège les tonnes de raisons qui ont pu mener à cette réalité: mon but n'est pas de faire une thèse de doctorat. En fait, le but de ce post est simplement de me décharger de mon amertume: il n'est pas facile de digérer le fait que peut-être, un jour, incessamment sous peu ou pour la semaine des quatre jeudis, la nation à laquelle on aura appartenu cessera d'exister, on se retrouvera sous une autre tutelle, dans un autre contexte et il faudra apprendre à renommer son environnement. Pour avoir déjà été déracinée et dépossédée d'une partie de mon foyer, je ne peux qu'appréhender une telle issue. Je suis peut-être une des dernières patriotes belges, il est vrai. C'est ainsi depuis que j'ai des contacts réguliers avec l'étranger (non non, pas depuis que je suis venue chatter sur MJ!). Il est dit que les belges ne se sentent comme tels qu'à l'étranger justement; j'en témoigne.)
Revenons à nos lions et nos coqs.
Envisageons la possibilité d'un divorce. Les problèmes soulevés sont énormes: que devient la dette publique (250 milliards d'euros, on fait fort)? Ironie de constater que nous ne serions unis que par une dette... Mais que devient Bruxelles également?? Car j'ai souvent tort de présenter la Belgique comme constituée de la Flandre et de la Wallonie. Il y a la capitale aussi. Un monde en soi. Et pour preuve, moi-même, née de deux parents purs sang wallons, habitant dans la banlieue de Bruxelles (mais en Wallonie), ayant étudié à Louvain-la-Neuve,... je me sens bruxelloise: mon école, mon enfance, mes débauches, tout s'est joué à Bruxelles. A présent que j'y habite, je m'émerveille toujours devant l'incroyable chaos que représente cette ville. Un urbanisme déchiquetté, une ambiance cosmopolite, des quartiers très marqués,... Un de mes passe-temps favoris consiste à me scotcher les yeux à la vitre du tram pour mieux pouvoir appréhender chaque façade de maison indépendemment. Et je pense que c'est de cette façon qu'il faut regarder cette ville: morceau par morceau, brique par brique. L'on découvre alors des chefs-d'oeuvre d'art nouveau, des espiègleries d'architecte, du modernisme revisité. J'adore. Paris a beau être ce qu'elle est, une des villes les plus belles qu'il m'ait été donné de voir, elle n'offre pas au regard un tel rébus. Paris impressionne, je dirais qu'elle étale ses charmes de façon extrêmement ostentatoire. Bruxelles paraîtra bien fade si l'on a aucune imagination. Mais pour peu que l'on aime jouer à "Où est Charlie?"...
*tousse*
J'ai encore dévié, on dirait.
Bref, pour en revenir à une analyse plus géo-politique de la capitale, il faut mentionner ses différents titres: capitale de la Belgique, capitale de la Flandre (si si, la capitale de la Wallonie, c'est Namur), capitale européenne, capitale bilingue mais à forte majorité francophone, habitée par 30% de non-belges, région à elle toute seule et... enclave située en territoire flamand. Une situation bien compliquée en cas de séparation.
Et le roi dans tout ça? Il paraît que les belges, flamands, wallons et bruxellois confondus, aiment leur souverain. Mais je doute qu'ils se cotisent pour nourrir une famille royale "qui ne cesse de s'agrandir" comme le commente ma mère en regardant Place Royale.
La Flandre est riche et pourrait s'en sortir seule (m'enfin bon, tout est relatif...). Ou bien peut-être une éventuelle alliance avec les Pays-Bas (faudrait passer du zachte "g" au harde "ggrrrr"), vu que ce serait peut-être utile pour avoir un accés en Zélande et en Allemagne. Les flamands sont trop fiers/chauvins pour l'admettre de toute façon.
Et la Wallonie avec sa dette plus haute que le signal de Botrange (qui atteint la hauteur record de 694 métres, mais oui les amis!)? C'est là que le gag commence à devenir cocasse. Parce que devinez chez qui qu'on a déjà signé quelques gentils petits traités commerciaux sous la table?
Image du Vif l'Express de la semaine dernière:
Arf...
# posted by
Nocturnal Azure @
9:19 PM
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