(untitled)
Je marche, dans la vie on ne fait que ça. Ceux qui courent ne pourront jamais faire courir le temps avec eux et ceux qui vivent dans le passé ne peuvent pas non plus le faire reculer. Je marche donc, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire.
Mais pourquoi diable suis-je partie si tôt? Je vais prendre un train d'avance... Bah... de toute façon, dans mon rêve, le mafioso qui me poursuivait avait bloqué la porte de l'ascenseur avec le canon de sa mitraillette et je n'étais pas sûre d'avoir assez d'endurance pour me lancer dans une course-poursuite éffrenée. Un rêve de série b. Entre courir dans mon rêve et marcher dans ma vie, j'ai choisi.
Et cette mauvaise humeur qui ne me quitte pas. De celles qui isolent tout en accusant la solitude dont elles sont l'origine.
J'ai parcouru ce chemin 100 fois, mais cette cent et unième fois me paraît de trop. La route est parsemée de clins d'oeil ironiques. C'est la journée vide-greniers et les trottoirs exposent les horreurs éventrées d'une époque révolue: repose-pieds en poil orange d'un goût douteux, chaises percées par les innombrables fesses qui s'y sont assises, télévision en bois genre acajou, panier d'un chien aujourd'hui disparu, piscines-coquillages déchiquetées ayant appartenu à des enfants désormais adultes,... Tous ces témoins d'une vie passée faisaient jadis partie de la maisonnée.
Et dans une cour de récréation, ces maisonnettes en plastique multicolore me rappellent cruellement qu'avoir un chez-soi était déjà un rêve d'enfant.
# posted by
Nocturnal Azure @
1:13 PM
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