Moi et mes humeurs, on a pris le train pour le pays du père Noël. C'est-à-dire Louvain-la-Neuve, ma fac, mon unif quoi. Là où se trouve la résidence secondaire de mon promoteur à la blanche barbe. Comment éprouver une quelconque affection pour cette ville faite de brique brune, nourrie au houblon digéré des étudiants, ce champignon artificiel constamment en travaux? Les bâtiments se resserrent comme des étaux, la lumière grisâtre du plat pays ne peut que se faufiler pitoyablement, les rues transpirent d'humidité.
Allez, je vous explique.
Louvain-la-Neuve est un PROJET. Inachevé, comme beaucoup. Une ville créée dans les années 50, coincée entre deux vallées où souffle un vent des plus nordiques. Lac artificiel, bâtiments tous semblables, modernité d'il y a un demi-siècle, cages à poules pour étudiants,... Et centre-ville uniquement piétonnier. Parce que les voitures, ça pue. Du coup, construction de méga parking souterrains pour y garer les pestiférées. Le seul hic dans toute cette bonne volonté écologique, c'est que les arbres ont refusé de venir habiter le centre pour cause de manque de place pour leurs racines (fatalement, avec un parking géant en-dessous...). La logique belge dans toute sa splendeur.
Bref, cette ville sans lumières et sans arbres était donc destinée à devenir un haut-lieu de la vie estudiantine. Chambres d'étudiants, chambres d'étudiants, et encore chambres d'étudiants (ou "kot" comme on dit chez nous. Un mot du patois flamand pour dire "poulailler"). Rentabiliser l'espace. Au millieu de toutes ces chambres (on peut avoir jusqu'à 12 colocataires - ou cokotteurs), on place des auditoires, des bureaux de profs, des institutions diverses. Et interdiction de construire un Quick à moins de 10 km à la ronde. Les étudiants doivent bien se nourrir. D'où construction de fritures. (vous suivez la logique?)
Mais les fritures ne suffisent pas pour sustenter la masse universitaire. Il faut aussi du houblon. Et voilà, dans la seule Grand Rue, on peut dénombrer une vingtaine de cafés. Louvain-la-Neuve prend soin de ses mômes.
La Grand Rue sus-mentionnée est l'artère principale de ce tas de briques. C'est l'endroit où l'on est sûr de rencontrer quelqu'un, même si l'on ne connaît personne. En effet, c'est là qu'on distribue des flyers pour telle ou telle soirée (avec caricature de moine bourré pour bien montrer qu'on va s'amuser), pour telle ou telle oeuvre de charité (avec demande de participation généreuse), pour tel(le) ou tel(le) nouvelle friture/nouveau café qui s'ouvre (avec bon de réduction pour un ravier de frites/une demi). Pas moyen de faire un pas sans se faire aborder. Moi, j'ai trouvé la meilleure technique: passer juste derrière quelqu'un, c'est lui qui se ramasse le flyer.
Mais Louvain-la-Neuve, c'est aussi une ambiance de folie. Avec un nombre aussi élevé de fêtards au m², le contraire eût été étonnant. Les étudiants transhument donc régulièrement dans les "cercles" (et il ne faut retenir de la définition du terme que le fait d'être rond) pour assouvir leur soif intarrissable de liquide jaunâtre et insipide.
Woops, père Noël m'attend.
# posted by
Nocturnal Azure @
10:49 AM
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