Post orgasmic chill (Skunk Anansie)
Je voulais parler du nombrilisme actif dans nos sociétés modernes, de l'égocentrisme outrancier auquel on semble vouer culte et de la place du blog dans tout ça, mais en fait, je vais plutôt en rajouter dans la rubrique "La vie de Nocturnal Azure par Nocturnal Azure" (prononcez Azouré s'il vous plaît). Toutefois, ce post ne sera pas exempt d'une certaine philosophie car j'aborderai de façon subtile le thème du regard que l'on porte sur la vie et de la différence que cela engendre lorsqu'on change de lunettes. Voyez plutôt.
Version 1:
La machine sifflante ouvre sa gueule pour me laisser sortir. Ou plutôt est-ce moi qui, par un astucieux stratagème et usant encore un peu de mes forces, l'oblige à écarter ses mâchoires. La perspective de devoir traverser cette contrée hostile m'épuise avant même d'avoir commencé mon périple. Je passe à côté d'une case où les indigènes semblent se restaurer. Une odeur infecte s'en dégage et la crainte des cannibales qui y vivent peut-être me fait presser le pas. Je parcours le village, franchis la rivière au moyen d'un gué peu rassurant et rentre enfin dans la forêt. La distance qui me sépare du refuge est impressionante. Pourtant, je continue mon chemin, courageusement, en m'efforçant de ne pas penser au danger et de profiter du chant des perruches. Des cris me parviennent: non loin de là, les indigènes célèbrent une cérémonie initiatique quelconque et je m'enfonce davantage entre les arbres. Le voyage se poursuit. Mon fidèle compagnon qui d'habitude se joint à mes aventures commence à me manquer, mais c'est ma faute, j'ai manqué de prévoyance et il n'a pas pu se reposer suffisamment avant le départ. Soudain, je reconnais la région: il s'agit du territoire d'un fauve réputé pour sa cruauté et je redouble de prudence. Hélas! Je ne pouvais espérer tromper un prédateur au flair expérimenté. L'animal ne tarde pas à sortir de sa cachette en grondant... C'est le moment que choisit un éléphant pour manifester son énorme présence et barrit sous le nez du fauve. Ce dernier détourne les yeux de sa proie (c'est-à-dire moi) et je profite de son inattention pour m'enfuir. Cette fois encore, je l'ai échappée belle. La jungle se referme sur moi. D'énormes toiles de tarentules entravent ma progression. Mais je sais que le refuge n'est désormais plus très loin. Et il était temps car mes forces m'abandonnent petit à petit. Et j'atteins enfin la clairière...
Version 2: (vision d'un homme normal sur le monde)
Actionnant la poignée d'ouverture des portes, elle sort du train, l'esprit encore endormi par la chaleur du compartiment. La perspective de marcher pour rentrer chez elle ne l'enchante guère. Passant tout à côté d'une baraque à frites, l'odeur écoeurante de la graisse et les oeillades peu engageantes des ouvriers accoudés à la fenêtre lui font presser le pas. Elle traverse la route malgré le feu rouge pour les piétons, quitte le centre du village et bifurque dans une zone résidentielle. "Encore deux kilomètres", se dit-elle. Pour passer le temps, elle se met à écouter le chant des moineaux, chant qui se voit bientôt interrompu par les babillages des enfants jouant dans la cour de récréation de l'école du quartier. Elle continue de marcher, regrettant de ne pas avoir pensé à acheter des piles pour son walkman. Tout à coup, elle quitte le trottoir pour marcher au bord de la route, sur la piste cyclable. Dans le jardin qu'elle longe à présent se trouve un chien qui la fait toujours bondir en surgissant de derrière les buissons tous crocs dehors. Malgré ses précautions, elle sursaute lorsque l'animal déboule en aboyant, mais par bonheur, un camion en train de se garer sur le trottoir en face semble être davantage proie à la colère du canidé. Empruntant un sentier entre les maisons, elle s'éloigne, le coeur encore battant. Elle n'aime pas ce sentier car les araignées ont toujours coutume d'y tendre leurs toiles, à hauteur du visage de surcroît. Midi n'est pas loin et son estomac commence à se manifester. Et elle entre enfin dans sa rue...
Bah, c'est une façon originale de rentrer chez soi, on va dire...
PS: Le titre n'a rien à voir avec quoi que ce soit dans ce post. C'était juste pour attirer l'attention.
# posted by
Nocturnal Azure @
12:18 PM
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